Comment faire de la prospective un art de vivre ?
C’est la thématique qui traverse mon livre. Pas de grandes thèses définitives, pas d’oukases. Une prospective participative qui se laisse baigner par l’ensemble des témoignages des gens et des experts. Une prospective qui se veut non pas vision mais agrégation des savoirs et des désirs en tension vers un devenir partagé par tous. Une prospective intuitive qui prend en compte utopies et dystopies sans en tirer une morale mais bien plutôt un enrichissement pour que chacun se projette d’une façon dynamique et s’enrichisse de pistes possibles.
Je vais entamer dans les semaines qui viennent un “roadshow”: le Café Prospective, qui va sillonner la France pour continuer cette imprégnation. On en reparle?
l’interview video dans le jardin de l’institut:
sur YOUTUBE
http://www.youtube.com/watch?v=cH_42DWh15g
sur le blog de l’éditeur
http://groupe-archipel.typepad.fr/mon_weblog/
NOS VINGT PROCHAINES ANNEES
Un essai de décryptage prospectif documenté et ludique
Cette enquête relève de la pensée buissonnière. Elle est donc fureteuse et furtive, pas bien académique, avec un usage assumé de « sérendipité », c’est-à-dire l’art de saisir au bond ce qu’on cherchait sans le savoir.
J’ai interrogé et écouté citoyens et consommateurs, prospectivistes et futurologues, cherchant à comprendre les enthousiasmes des uns, les terreurs des autres. Comment parler des certitudes tranchantes des savants et des interrogations timides des gens ? J’ ai choisi d’en parler tel que cela va arriver : du bricolé, du rapiécé, tout de bric et de broc. Pas une seconde pour s’ennuyer.
Le futur qui se prépare est un film à grands spectacles et scènes intimistes, fractures et réconciliations, explosions de sensualité et résurgences de spiritualités.
Il fallait apporter un regard radicalement différent sur le futur sous peine de le fuir en courant : il a tout ce qu’il faut pour effrayer – ironie et tendresse, curiosité et gourmandise ont donc été invitées. Mais on verra qu’on a de bonnes raisons d’espérer. On avance dans le livre le nez au vent, dans une cybercaverne d’Ali-Baba où s’entassent, pêle-mêle, une haute technologie toujours plus téméraire et une nostalgie indécrottable. Il ne faut pas croire ou faire croire que tout ne sera qu’émerveillements et cataclysmes. Il y aura de l’insignifiant et du futile autant que de tragiques innovations et de considérables avancées. Des parcs à thèmes à l’échelle de nations économiques, des armements individuels non létaux, des fêtes des voisins et des triomphes familiaux, encore plus de voitures et des gestions de trafic toujours plus savants. On ne perdra plus ses clefs.
Demain, l’opposition entre la réalité et la fiction ne convaincra plus personne. Il faudra être très fort pour faire la différence… mais est-ce que cela sera bien nécessaire ? Tout sera question d’interprétation, de choix, de scenario personnel jusqu’au moment où on aura atteint une telle tension qu’on va lâcher prise. Un des best seller du futur sera « L’enfer, c’est moi ». Car plus on avance dans cette affaire plus il est patent que la littérature en apprend et en apprendra autant sinon plus que les thèses savantes.
Revues de détails de quelques lignes de haute tension qui vont traverser le paysage :
Le jeu : L’art du surf social, la glisse sur les fractures, un peu de cynisme, beaucoup de jovialité. Les jeux sexuels, les sex toys, la vie comme chasse au trésor, les serious games, les jeux d’argent, les paris sur tout, peut-être le jeu comme pratique de survie… et le fait qu’il va falloir le calmer, le jeu… c’est très fatiguant de toujours être sur le qui vive, de toujours être le héros de la fête.
Le besoin de calme va donc pacifier le jeu. Le silence sera une denrée précieuse.
Sans cesse contrer par un phénomène généralisé – le besoin de palpation: toucher, sentir, vibrer. Les sens seront plus que jamais sollicités pour comprendre le monde.
Le lien, la toile, les ramifications, avec pour ligne de mire le repli affinitif (être entre soi – le monde est trop vaste, les différences trop enivrantes, triomphes de communautés de sens et d’esprit, guildes…)
Le commerce sera une fête : les produits de consommation raconteront les nouveaux contes populaires
La technologie va disparaître embedded dans un recours généralisée aux démarches intuitives. On l’oubliera.
La surveillance généralisée sera une transparence dictatoriale et au bout du compte acceptée voire applaudie
Les cycles – dès aujourd’hui une rumeur qui fascine : on pénètre dans le clair-obscur d’une nouvelle renaissance – on imagine que notre 20ème siècle et ses horreurs fait écho à un Moyen Age tout aussi sombre que caricatural. Et que le 21ème est une promesse d’aube nouvelle. Retour des idéologies et des millénarismes.
Et ces cycles s’incarnent dans le recyclage des modes de plus en plus éphémères : est-ce l’incertitude face au progrès, cette pente montante vers l’infini qui donne le vertige ?
Les mythes – les vrais (pas les petites mythologies récupérées et bricolées), les dieux et les déesses, les grands textes sacrés sont à l’ordre du jour
La crise financière : un soubresaut qui sera remplacé par un autre, une nouvelle occasion manquée d’un purge salutaire – déluge virtuel qui peut en cacher un autre
Lady Di : une princesse sacrifiée… elles sont nombreuses à chercher à se faire élire sur l’autel de l’immolation people
Le tsunami : la colère des Dieux ne fait que commencer – le vacarme du monde Les agace toujours
La grippe porcine : le nettoyage des écuries d’Augias aurait pu se faire. Promesse non tenue. Comme la grippe espagnole : pertes et profits de l’humanité
Manger : un acte de rébellion contre les normes et une proclamation de solidarité – retour des banquets
La plage : adoration du soleil – retour aux sources, ivresse des origines, le mythe de la Méditerranée – Mare Nostrum retrouvée
Les jeux : panem et circenses à l’échelle planétaire qui ouvre la voie aux marquesocéaniques
La nature : les fermes en ville (tours géantes et odorantes)
Les révolutions se feront de l’intérieur par l’entremise des créatifs culturels
Le vin : quand la machine monde s’emballe il faut trouver un moyen de décélérer. C’est ce que font les femmes qui réinventent le vin comme ralentisseur du rythme de la planète.
Dès que vous entamez la lecture de ce livre une double aventure commence : la lecture et sa contestation. Le vingt et unième siècle annonce une porosité entre le patent et l’invisible, entre l’avéré et l’imaginaire. On s’y perd. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui est fictif ?
Hé bien c’est exactement ça qui va se passer