L'industrie de l'édition est sous le choc du gratuit, puisque dorénavant les consommateurs sont habitués à pouvoir consulter du contenu éditorial gratuitement sur internet ou bénéficier d'un journal gratuit à la sortie du métro. Sur fond de crise, les consommateurs sont donc habitués à ne plus payer. Aujourd'hui tous les modèles économiques des maisons d'édition ou groupes de presse sont remis en cause, et il y a une tendance à compresser les coûts et surtout à retrouver un équilibre entre ce qui est encore du ressort de l'édition papier et ce qui est « on line ». La difficulté, c'est que les nombreuses expériences pour faire payer aux consommateurs les contenus éditoriaux sur le web sont encore assez peu concluants. D'un côté les grands groupes se retrouvent avec de l'édition papier qui n'est pas rentable et qui s'effrite, alors que les médias numériques se développement, mais avec peu de consommateurs qui acceptent de payer.
En 2010, l'arrivée des liseuses, c'est-à-dire des e-books et de manière générale tous les lecteurs multimédias embarquant du multimédia (ex. ipad d'apple) va reposer la question du modèle économique des médias numériques. Est-ce qu'un possesseur d'un e-book Sony va accepter de payer pour lire un magazine ou un ouvrage ? On trouve la même problématique dans le milieu de la musique, de la photo ou des films, car la redistribution des rôles n'est pas encore stabilisée entre les auteurs, les producteurs, les diffuseurs, etc avec comme challenger les médias numériques.
En parallèle, on voit la tentative de Google de scanner une grande partie des ouvrages de la planète pour ensuite les mettre à disposition gratuitement. Une sorte d'immense bibliothèque d'Alexandrie, mais accessible à tous. On assiste donc à une bataille entre les fournisseurs de contenus (les éditeurs) et les providers technologiques (ex : Google, mais cela peut concerner d'autres plate formes), et personne ne sait qui va remporter la mise.
La seule certitude, c'est que l'on sera dans un monde avec un contenu informationnel exponentiel, mais on ne sait pas comment les rôles seront répartis. Ainsi côté presse, on constate que le rôle des rédactions est en train de changer, sous la pression de la course à la baisse des coûts. Les premiers touchés sont les pigistes qui sont les premiers sacrifiés. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard, si de nombreux médias font appel à des lecteurs pour produire du contenu rédactionnel...gratuitement ! Cette tendance au recours à des rédacteurs non professionnels n'est pas prêt de s'arrêter car il s'agit d'un deal gagnant où certaines personnes trouvent leur compte à écrire gratuitement, histoire d'entretenir leur réputation. Ensuite, rien n'empêche à ces « amateurs » de passer un jour dans la catégorie pro.
En 2010, nous sommes encore à un carrefour, une période de mutation.
Technologiquement l'arrivée de liseuses n'est qu'une étape dans la dématérialisation des supports, car prochainement seront disponibles les supports de type « encre liquide », c'est-à-dire les feuilles de plastique vierges qui peuvent faire apparaitre à la demande du contenu éditorial : articles, publicités, ouvrages, etc Il sera possible d'avoir le même confort de lecture sur une feuille de plastique à encre liquide que sur un bouquin. Ensuite viendra la révolution de la réalité augmentée qui permettra à chacun de faire apparaitre en simultané et sur plusieurs feuilles de calques virtuelles de informations diversifiées. Donc nous sommes en train d'inventer de nouveaux supports d'édition, et à ce jour la révolution dépendra des usages par les consommateurs que nous sommes. Qui va adopter tel ou tel support ? A ce jour, personne ne le sait, car l'adoption des usages innovants dépend de facteurs humains irrationnels. Et puis, il y aura aussi la stratégie d'achat des consommateurs qui va évoluer selon la crise (vont-ils continuer à acheter des produits culturels, en cas de paupérisation ?).
En tout état de cause tous les acteurs du secteur de l'édition, sont condamnés à innover, même s'ils n'ont encore aucune visibilité. Une première grille d'analyse, c'est un positionnement soit sur le haut de gamme (ou les produits pointus) ou un positionnement plus basique.
A ce jour très peu d'éditeurs ont vraiment de modèle miracle pour réussir la révolution digitale, et tous sont en version béta permanente. Le suspense devrait continuer encore dans les 5 ans à venir !