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Prospective, Prospectives by Christian Gatard


 
 
Prospective, prospectives
vu sur http://www.e-dito.com/prospective-01.asp
 

e-dito et le Bureau d’Etudes Gatard et Associés ouvrent ici une escale prospective. Une escale prospective? Un point de convergences, un lieu de rencontres et un carrefour. C’est aussi un lieu de passages et le point de départ d’excursions vers ce qui peut nous arriver de meilleur… ou de pire.

L'ESCALE prospective d’e-dito est fondé sur quelques idées simples :
- la prospective relève tout autant de l’anticipation que de l’implication
- la prospective est une question de visions et de souvenirs
- la prospective n’est pas une idéologie solitaire, c’est une construction collective.

Cette ESCALE sera alimentée au fil de l’eau, c'est-à-dire en permanence. Il sera inspiré par nos travaux personnels et nos rencontres avec les acteurs de la prospective d’aujourd’hui. Nous vous reparlerons très vite de René Duringer, créateur inspiré de smartfutur.fr , de Philippe Cahen, sentinelle des Signaux Faibles, d’Antoine Couder et son œil de lynx (mais lui vous le connaissez déjà pour ses contributions à e-dito)  et de tous les gens que nous rencontrons tous les jours dans nos études… citoyens, consommateurs, acteurs du monde d’aujourd’hui.

La prospective est dans l’air du temps. Ce n’est pas un effet de mode, c’est un effet de nécessité.

1. Parce que les medias (au sens le plus large de toutes les informations qui arrivent à nous) informent et nous conforment – quoiqu’on en ait –  à un certain ordre annoncé du monde, nous nous ajustons à ces perspectives. L’abondance d’informations, de visions, de points de vue apparaît un peu chaotique. Ce n’est pas une mauvaise nouvelle mais autant avoir à disposition un GPS sociétal en état de marche. Ce que nous donnent les études qualitatives que nous menons tous les jours.

2. De nouvelles images des choses, des perspectives en continuité ou en rupture, en prolongement ou en décalage des courbes, diffusent dans le corps social. Ces images constituent les nouveaux horizons utopiques et sont présentées à tous comme susceptibles d’advenir. Le futur est d’abord un récit d’aujourd’hui, ancré dans notre histoire. Le futur nous doit tout.
Les évènements planétaires rythment la fantasmatique du monde : quelle courbe prolonger à partir de secousses médiatiques réinterprétées comme mythes fondateurs ? Tchernobyl 1986 a actualisé la peur de l’Apocalypse, la paranoïa de l’apprenti sorcier, l’angoisse de la perte de contrôle, La Chute du Mur de 89 a fait penser que l’homme pouvait réenchanter l’homme, mythe messianique, La mort de Lady Di 1997 a revigoré le mythe de la Princesse, Manhattan 11 sept 2001 a donné une légitimité à la paranoïa du terrorisme, actualisé les « conflits de civilisation », fondé un monde nouveau, La canicule de 2003… Le tsunami de 2004 … ont réactivé le mythe d’une colère de Gaïa…
A chaque fois des faits réels et des fantasmes collectifs rejoignent des schèmes qui sont dans l’esprit du temps. Peut-être n’ont-ils faits que rendre visible et tangible un légendaire qui n’attendaient que ces occurrences pour opérer leur retour et faire la une des medias. L’imaginaire du monde se nourrit de ces cataclysmes…Leur hyper-médiatisation ressemble à une accélération.

3. A un autre niveau, les classes sociales les plus favorisées, dupliquées à l’infini des papiers glacés et des sites Internet tendances, créent une dynamique du désir et de l’aspiration qui légitime un mimétisme intense. Les mises en scène « people » les plus ostentatoires,  le dévoilement spectaculaire et permanent, les révélations, les scoops sont des moteurs puissants de la fantasmatique sociale. L’enjeu pour beaucoup est de savoir si on va en être ou pas… La fracture sociétale se porte comme un charme. Qui peut encore croire qu’un mythe est une fable ou qu’un fantasme est une vue de l’esprit.  La grande fracture fantasmatique est une des horizons indépassables de notre avenir. Il y a là un vaste paradigme: riche/pauvre (en argent, en motivation, en désir d'indépendance, en capacité d'indépendance), puissant/misérable, branché/suiveur, / culture upstream , mainstream et culture underground. Conformismes, non conformismes, on/off. Comment écrire quoi que ce soit sans prendre en compte cet absolu de la société ? Etre maître de soi vs être esclave des images proposées par les médias ?

4. Quand chacun est soumis, subjugué, asservi à cet autre horizon – plus nouveau, lui, par contre – qu’est l’accumulation des connaissances, sa diffusion planétaire, quand  "les médias s'intéressent à tout" , la question se pose : la connaissance du monde est-elle une connaissance de soi ? L'abondance, le polymorphisme des informations changent-ils la donne? Les medias avaient un rôle de trieur de l'information, d'organisateur. Aujourd’hui: inversion du flux - on va picorer, sélectionner, trier soi-même... pour justement se construire soi-même d'une façon indépendante. Bricolage de ses propres mythes, réinvention plus libre de soi ? Ce qui renvoie au fait qu’il faut dépenser de l'énergie pour être soi-même. Dans le grand tout et le n'importe quoi ?  Est-ce de l'ordre de la cacophonie (qui rendrait à la limite illisible le discours des médias)? Ou est-ce une nouvelle grammaire de l'information dont les règles sont en train de s'élaborer?

5. Etre aujourd'hui obligé d'avoir une "vie publique" fait qu’on est amené d'avoir une sorte de marketing de soi si on veut rester dans la boucle sociale...

Quel angle d’attaque  pour parler des temps qui viennent ?

Voici quelques pistes :
1.1. Où l’on considère qu’un avenir proche relève tout autant de l’anticipation que de l’implication, que le futur est un commerce et où l’on s’interroge sur les sources  de l’avenir – ressources des futurologues…
1.2. Où l’on se demande  si les prospectivistes ont des visions ou des souvenirs et si des mythes oubliés ne se recyclent pas – parce qu’il est peut-être dans la nature de l’espèce de se reproduire elle-même et ses vieilles rengaines avec. Mais tout cela se fait en montant, probablement. Pas en descendant, on espère.
1.3. Où l’on constate une accélération des innovations, des inventions, des façons d’être et de faire et où l’on se demande d’où vient cette urgence : la machine s’est emballée. On constate que ce discours-ci se retrouve aussi bien dans les livres « sérieux » (Le Monde en 2050, Nicole Gnesotto), ou ceux qui relèvent peut-être d’une vision New-Age un peu « illuminée » (The Mystery of 2012 predictions, prophecies & possibilities – ouvrage collectif publié à Boulder Colorado –)
1.4. Où l’on se dit qu’il faut que les gens en aient envie pour que cela fonctionne. Le désir comme clef de l’avenir ?
1.5. Où l’on se dit que vivre le futur au quotidien est sans doute la démarche la plus excitante– ce qui implique de se faire une idée des utopies, des récits, des scénarios, des fictions qui vont mener le monde dans les années qui viennent..
1.6. Où l’on essaie enfin de se faire une idée de qui dit quoi, c'est-à-dire une Typologie des Prospectivistes de tous bords et de tous poils, professionnels ou amateurs, charlatans ou savants – puisque après tout les premières années de nos prochaines années sont avant tout la prise de parole de tous à tous moments.

Dans ce « roman chorale » du monde à venir notre partition sera celle des prochains scénarios de l’art des choses simples… à suivre donc

Christian Gatard

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