La prospective est peuplée d'étranges individus...
Depuis quelques années, le mot prospective est devenu tendance ! A l'origine, la prospective est l'étude des avenirs possibles, concept créé par Gaston Berger. En 2008, on constate clairement un clivage autour des pro-Berger avec un héritage autour d'une prospective humaniste et les non-Berger, c'est-à-dire les autres !!!
On peut aussi faire des clivages entre ceux qui sont simplement en observateur et donc vont se concentrer sur des scénarios et les autres qui vont combiner réflexion prospective et action dans le monde réel. Faut-il être un acteur contemplatif ou agir sur le monde pour éviter les évolutions les plus sombres ? Faut-il sortir de sa réserve ?
Il y a aussi la différence d'approche méthodologique : faut-il avoir une approche scientifique notamment avec la mise au point de big scénarios ou privilégier l'intuition, l'observation de l'air du temps, une acuité par rapport à des signaux faibles ? Ingénieur ou artiste ? A priori, les arguments sont valables des deux côtés, même si l'incertitude que nous connaissons depuis notre entrée dans le 21éme siècle montre les limites d'une planification tradiditionelle.
Et puis il y a les tenants de la prospective, en tant que discipline à part entière réservée à des spécialistes, et ceux qui pensent que c'est plus une posture ou un état d'esprit que chacun peut avoir avec un peu de curiosité au jour le jour. Peut-on s'autoproclamer prospectivisite en tant que citoyen lambda ? Les prospectivistes doivent-ils rester dans leur Tour de Babel ?
On peut aussi décoder le peuple de la tribu des adeptes de la prospective et du futur selon l'âge des acteurs, car chaque strate générationnelle se manifeste par une empreinte. Le mille feuilles générationnel est visible, avec un clivage entre les modernes et les anciens, même si l'âge biologique n'est pas toujours le critère le plus fiable...
Enfin, selon la culture d'origine des acteurs [marketing, management, politique, innovation, design, ressources humaines, autodidacte, scientifique, spécialiste des tic, sociologue, philosophe, ethnologue, coach, chercheur, politologue...], la couleur du jus des travaux prospectifs est bien sûr totalement différente. En ce domaine, il est clair que la nature du regard que l'on peut porter sur le monde, influence lourdement une vision prospective et montre l'aspect structurellement subjectif de l'exercice.
Il y a notamment ceux qui vont inclure dans leur prospective, une vision forte du monde et un parti pris personnel, avec tous les écueils d'une démarche gourou.
Si on ne peut que se réjouir que de l'engouement pour la prospective en France [même si dans certains cas, c'est pour des raisons commerciales], il peut être temps de réfléchir à une nouvelle définition de la prospective et des prospectivistes, pour éviter de construire le futur avec des schémas obsolètes !!! Le chantier est donc déclaré ouvert en 2008.
Liste non limitative d'incarnations possibles dans le peuple étrange du monde la prospective :
- Anticipateur,
- Auteur d'ouvrage prospectif,
- Butineur d’idées,
- Catalyseur d'optimisme,
- Chasseur de tendance [trend setter],
- Chercheur d’idées [ou de vérité],
- Connecteur,
- Consultant,
- Décrypteur,
- Designer,
- Don Quichotte,
- Electron libre,
- Expert éclairé,
- Futurologue,
- Gourou,
- Innovacteur,
- Innovateur,
- Intellectuel,
- Journaliste curieux,
- Marketeur,
- Méta-observateur,
- Metteur en perspective,
- Observateur attentif,
- Philosophe,
- Planneur stratégique,
- Professeur,
- Prospectiviste,
- Tête de pont de think tank,
- Veilleur,
- Visionnaire,