Extrait du journal Innovation le journal
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L'usine du futur prend forme
- Journal - PROSPECTIVE -
Date de mise en ligne : vendredi 4 avril 2008
William Bolle
Porté par le pôle de compétitivité Axelera, qui se positionne à la confluence
de la chimie et de l'environnement, le projet « intensification des procédés »
dessine les contours de l'usine du futur. Grâce à la miniaturisation de la
chaîne de production et à l'optimisation des process, celle-ci sera plus
compacte, plus sûre, plus efficace sur le plan énergétique et
environnemental, et moins coûteuse. Enjeu majeur de compétitivité pour la
chimie française, l'intensification des procédés pourrait aussi ouvrir de
nouveaux marchés aux équipementiers de ce secteur industriel.
Plus compacte, plus sre, plus « verte » et moins coteuse : telle est la vision de l'usine chimique
du futur qu'esquissent les acteurs du projet de R&D « intensification des procédés ».
Un programme porté par le pôle de compétitivité rhônalpin « Axelera », qui se situe à la
convergence de la chimie et des enjeux environnementaux. Animé par Sophie Jullian, directrice
du développement à l'IFP-Lyon(1), le projet « intensification des procédés » doit permettre selon
elle de « passer des immenses usines qui jalonnent par exemple le « couloir de la chimie » (2), à
des unités plus discrètes de deux ou trois étages, qui pourraient ressembler à de simples
hangars. »
Et, ce, tout en maintenant un niveau de production au moins équivalent.
Par quel miracle ? Par la miniaturisation des chaînes de production et la réduction du nombre
d'étapes qui séparent la matière première du produit fini.
Utiliser des microsystèmes
Exemple : dans les usines, les réactions chimiques surviennent dans les « réacteurs »,
c'est-à-dire des enceintes ou des cuves qui, « grâce à l'évolution des techniques d'usinage,
pourront évoluer vers une forme « micro-structurée ». En creusant au laser dans de grandes
plaques de petits canaux où circuleront les fluides, et en agglomérant plusieurs plaques, on
obtiendra un réacteur plus compact, qui évacuera la chaleur en continu, ce qui permettra d'aller
plus loin dans la réaction. » Dans l'usine du futur, le stockage des produits chimiques pourra lui
aussi être considérablement réduit. Il suffira pour cela « d'intégrer dans une seule et même opération les diverses opérations de mélanges, de réactions et de séparations des produits
chimiques, qui impliquent aujourd'hui de stocker à chaque étape les produits intermédiaires. »
D'où à la fois un gain d'espace, mais aussi un progrès en terme de sécurité.
Sans compter que l'intensification et l'optimisation des procédés permettront à l'usine du futur de
consommer moins de matière première, moins d'énergie, et d'émettre moins d'effluents.
La qualité des produits (carburants, médicaments...) pourrait même être accrue par le meilleur
contrôle des conditions opératoires.
Bref, l'usine du futur sera « plus acceptable pour l'opinion publique », estime Sophie Jullian.
Maintenir la production chimique en France
Par une meilleure occupation de l'espace et une réduction des cots de production, elle sera aussi
plus compétitive. Un enjeu essentiel pour le pôle Axelera, qui « est avant tout à l'interface de la
recherche et du business. Ce projet est indispensable pour maintenir la production chimique en
France, mais aussi pour développer l'offre technologique des équipementiers et leur ouvrir de
nouveaux marchés. Enfin, l'enjeu de l'efficacité énergétique concerne tous les secteurs et pas
seulement la chimie. Ce projet fondateur intéresse aussi des industries connexes comme le
raffinage, la cosmétique, la pharmacie, ou même l'agroalimentaire. »
Initié en 2006, ce projet, le premier à avoir été lancé par le pôle Axelera, prends déjà corps dans
plusieurs pilotes. Les premières démonstrations devraient intervenir entre la fin 2008 et le début
2009.
(1) IFP : Institut français du pétrole (2) Concentration d'usines chimiques dans le Sud de l'agglomération lyonnaise
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