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  • 2035 : une vision inquiétante du Futur

    medium_fop012.jpgLe monde en 2035 : une vision inquiétante du futur d’après le Ministère de la défense britannique

    Où en sera la planète dans trente ans ? Une cellule de prospective du ministère de la Défense britannnique s'est penchée sur la question. Le tableau qu'elle dresse dans un rapport résumé par The Guardian n'est pas encourageant.

    Des puces électroniques dans le cerveau, des armes à impulsion électromagnétique, une classe moyenne révolutionnaire prenant la relève du prolétariat de Marx, une explosion démographique dans les pays du Moyen-Orient accompagnant une baisse de la fertilité en Europe, des « flash mobs » rapidement mobilisables par des gangs criminels ou des groupes terroristes.

    Voilà le monde dans trente ans, tel que l'imagine un groupe du ministère de la Défense britannique chargé de brosser le « futur contexte stratégique » auquel les forces armées britanniques pourraient être confrontées. Selon le contre-amiral Chris Parry, chef du centre de la doctrine et de la prospective au ministère de la Défense , il s'agit plus d'estimations « fondées sur des probabilités que de prédictions ».

    Le rapport de 90 pages revient sur plusieurs grandes questions telles que l'importance économique croissante de l'Inde et de la Chine , la militarisation de l'espace ainsi que le « déclin qualitatif des informations » lié au développement des « citoyens-journalistes sur Internet » et à la pression croissante poussant à la publication des histoires "aux dépens des faits". Le rapport aborde également d'autres développements potentiels moins connus.

    En 2035, on disposera probablement d'une bombe électromagnétique capable de détruire tous les systèmes de communication d'une zone ou d'être utilisée contre une « ville mondiale », comme un centre d'affaires international. Les armes à neutrons – capables d'annihiler les êtres vivants sans détruire les bâtiments – « pourraient devenir des armes de choix pour des nettoyages ethniques radicaux dans un monde de plus en plus peuplé ». L'usage de centres armés entièrement automatisés permettrait "d'exercer une force létale sans intervention humaine, ce qui suscite des interrogations d'ordre légal et éthique".

    En 2035, des puces pourraient être implantées directement dans le cerveau. L'invasion croissante des technologies de communication permettra aux Etats, aux terroristes ou aux criminels de mobiliser des « flash mobs » et de rassembler des forces rapidement dans un point donné.

    « Les classes moyennes pourraient devenir révolutionnaires et reprendre le rôle du prolétariat tel que l'imaginait Marx », pronostique le rapport. Cette hypothèse est fondée sur l'écart croissant entre, d'une part, les classes moyennes et les très riches et, d'autre part, une sous-classe urbaine menaçant l'ordre social. « Les classes moyennes pourraient unir leurs forces à travers le monde et utiliser leur accès aux connaissances, aux ressources et aux savoir-faire pour modifier les processus internationaux dans leur intérêt. »  La montée du relativisme moral et des valeurs pragmatiques incitera les gens à rechercher « la sécurité de systèmes de croyances rigides, notamment l'orthodoxie religieuse et les idéologies politiques comme le populisme et le marxisme".

    En 2010, plus de 50 % de la population mondiale vivra en milieu urbain, ce qui créera une plus grande misère sociale, de « nouveaux risques d'instabilité » et de plus en plus de bidonvilles. En 2035, ce chiffre sera de 60 %. Les flux migratoires augmenteront. La mondialisation pourrait conduire à un niveau d'intégration internationale tel que les guerres entre Etats pourraient devenir impossibles. En revanche, elle pourrait créer des « conflits interrégionaux » où des communautés d'intérêt s'affronteraient par-delà les frontières nationales.

    La population mondiale pourrait atteindre 8,5 milliards d'habitants en 2035, dont 98 % vivraient dans des pays en développement, qui rassemblent déjà près de 87 % des moins de 25 ans. Sur la même période, les populations subsahariennes devraient croître de 81 % et celles du Moyen-Orient de 132 %.

    Selon le rapport, cette poussée démographique sera toujours synonyme de grande instabilité au Moyen-Orient, et dans une moindre mesure dans le nord de l'Afrique. Le rapport se penche également sur le cas de l'Arabie Saoudite, premier marché pour les armes britanniques, où le chômage atteint 20 % et où les jeunes sont surreprésentés dans une population qui est passée de 7 à 27 millions d'habitants depuis 1980.

    Le mécontentement des jeunes face à des régimes non représentatifs « trouvera un exutoire dans le militantisme politique, notamment l'islamisme politique radical dont le concept d'Oumma – la communauté de l'islam – et l'opposition au capitalisme pourraient mal s'accommoder d'un système international fondé sur des Etats-nations et les forces du marché mondial », indique le rapport.

    Les tensions entre le monde musulman et l'Occident devraient perdurer et toucher de plus en plus la Chine « dont le nouveau matérialisme, le dynamisme économique et l'athéisme institutionnalisé pourraient être frappés d'anathème par l'orthodoxie musulmane ».

    Le nombre de victimes et les dommages dus au terrorisme devraient rester faibles. Mais les actes d'extrême violence, approuvés dans certains états islamistes et mis en scène de manière à optimiser l'impact médiatique du « théâtre des violences » devraient persister. Une « coalition terroriste », rassemblant des opposants réactionnaires ou révolutionnaires tels que les ultranationalistes, les groupes religieux et même certains militants écologistes extrémistes, pourrait mener une campagne mondiale plus intense.

    Des « preuves indubitables » témoignent de la réalité du réchauffement climatique et de sa persistance à un rythme sans précédent pendant tout le 21e siècle. Il pourrait provoquer une désalinisation de l'océan Atlantique en augmentant les flux d'eau non salée en provenance de l'Arctique. « Les courants océaniques chauds en Europe occidentale pourraient s'en trouver diminués et la baisse des températures pourrait être supérieure à celle du petit âge glaciaire des 17e et 18e siècles ».

    Richard Norton-Taylor
    The Guardian